Dieu, les anges et les autres

J'aimerais partager avec vous mes opinions, mes coups de gueule sur l'actualité, le temps, le travail, sur tout et sur n'importe quoi. Bonne lecture à tous et toutes.

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Lieu : Charleroi, Belgium

30 janvier 2011

Sortir la Belgique de la crise

Tiens, tiens...
Il y a un peu moins de 4 ans, je disais déjà que la Belgique vivait une crise institutionnelle... Et voilà que 4 ans plus tard, j'ai la nette impression qu'on en est toujours au même point.
Au même point?
Non, plutôt encore plus bas ! encore plus grave...
Alors, je vous invite néanmoins à aller relire mon dernier texte, et méditons-le...
Alors, Majesté, bon courage...

18 novembre 2007

Sortir la Belgique de la crise

Aujourd’hui a eu la manifestation pour l’unité de la Belgique. Événement louable, d’autant plus qu’inutile, puisque les politiciens n’ont jamais tenu compte de l’avis de la population qui les a élus. Alors, pourquoi commenceraient-ils maintenant??? À la limite, ça sert à leur dire «merde», ça fait du bien, et après?

Je critique, me direz-vous. Oui, c’est vrai, et c’est mon droit.

Mais je propose aussi.

D’abord, Sa Majesté le Roi devrait remplacer l’actuel formateur. En effet, Yves Leterme a déjà eu 3 chances pour former le gouvernement, et il s’est lamentablement planté à chaque fois. Mais le remplacer par qui? Par un homme d’expérience, connu à l’étranger, et en qui l’Europe puisse avoir confiance. Et c’est qui ça? Tout simplement Guy Verhofstadt. Il a déjà fait ses preuves pendant 8 ans, tant au niveau fédéral qu’au niveau européen.

Ensuite, centrer les négociations sur les véritables enjeux socio-économiques en Belgique. Il s’agit de tenter de trouver des réponses adéquates au chômage galopant, à la revalorisation du travail, au vieillissement de la population, aux problèmes environnementaux. Et puis réfléchir à la sécurité sociale, aux pensions, à l’enseignement (et pourquoi ne pas réunifier les réseaux d’enseignement, pour mieux dépenser l’argent investi?), la culture etc.

Enfin, et seulement alors, penser à l’institutionnel. Les partis flamands veulent la scission de l’arrondissement de BHV? Eh bien, qu’il en soit ainsi. Les partis francophones veulent une circonscription électorale nationale pour un certain nombre d’élus? Eh bien, qu’il en soit ainsi, mais pour TOUS les élus de la Chambre et du Sénat, puisque ce sont des institutions fédérales, et que ces élus représentent la totalité du pays (ils sont censés le faire en tout cas…). Les partis bruxellois souhaitent que certaines communes de la périphérie soient rattachées à la Région de Bruxelles-Capitale? Eh bien, organisons une consultation populaire pour savoir ce que veulent les habitants de ces communes. Ça n’est pas prévu par la constitution? L’impossibilité de régner de Baudouin non plus, on ne se tracasse pas pour si peu en Belgique…

Et les ministres? Il faudrait nommer des techniciens, des économistes, des constitutionnalistes, des juristes, des enseignants pour réformer tout ce beau bordel belge, et aller rechercher des Eyskens, Claes, Maystadt, Deprez, Dehaene, Martens ; bref, des sages, de véritables hommes d’État (oui, des femmes aussi!). Un gouvernement au-dessus des parties et des partis.

Allez, courage, le plus dur reste à faire…

22 juillet 2007

Harry Potter tome 7

Le dernier tome des aventures du sorcier le plus connu au monde vient de sortir. Je ne l’ai pas encore acheté ni lu, mais j’ai envie de me lancer dans quelques hypothèses concernant la fin de l’histoire. Donc il n’y a aucun spoiler, je ne dévoile rien, puisque je n’ai encore rien lu… Dernière chose avant de commencer: ce texte est réservé aux fans du p’tit sorcier…

J’imagine que Harry va partir à la recherche des Horcrux (NDLR : ces objets qui sont censés contenir une partie de l’âme de Voldemort). Il va rencontre beaucoup, beaucoup, mais alors là beaucoup de dangers, et il va réussir à s’en sortir grâce à ses amis indéfectibles, Ron et Hermione, peut-être accompagné également de l’ex-nul Neville, de la têtue Ginny et de la bizarre Luna.

Qu’arrivera-t-il à la fin? J’imagine qu’Harry mourra en combattant Voldemort et en voulant protéger ses amis. Il paraît que deux personnages importants mourront (d’après des sources autorisées…). Mais qui? Harry sûrement, peut-être Ginny, ou alors Neville, mais après avoir vengé ses parents de Bellatrix Lestrange. Drego Malfoy et Severus Rogue auront sans doute un sort peu enviable (Endoloris, Sectumsempra, voire le sortilège Avada Kevadra?).

Il y aura bien sûr un duel à mort entre Harry et Voldemort, et qui sait, peut-être même un deuxième vers la moitié du livre, où Harry ne tuera pas encore le Maître des Ténèbres, car il n’aura pas encore détruit tous les Horcrux.

Enfin voilà mes hypothèses, mais n’oublions pas l’auteur, qui nous a déjà montré maintes fois qu’elle avait plus d’un tour dans son sac, plus d’un rebondissement et plus d’un coup de théâtre. Je ne me risquerais pas à vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué!!!

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16 avril 2007

La cafetière et la cuisinière: les féministes au bûcher

Les féministes de tout poil ont réussi l'impensable pari de rendre la dignité aux femmes, qui ont été, pendant de longs siècles, considérées comme très inférieures aux hommes. Et leur combat a porté ses fruits, et je l'affirme avec beaucoup de bonheur. Personne ne doute plus aujourd'hui que la femme est tout à fait l'égale de l'homme.
Mais, dans notre société européenne et occidentale, il est des combats d'arrière-garde tout à fait inutiles qui bouffent de l'énergie pour rien et qui rendent ridicules ceux (surtout celles) qui combattent.
Un exemple? La féminisation des noms de métier, imposée non par l'usage, mais par le monde politique. De grands intellectuels se dressent contre cette ineptie. Ainsi Jacqueline de Romilly, dans une interview parue cette semaine dans Le Vif L'Express, affirme être hostile à cette féminisation.
Imaginez un peu tous les sens possibles de cette simple phrase:
"Il a pris la cafetière sur la cuisinière"

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Politiquement correct, politiquement incorrect

Si je dis à un noir, un Marocain, un juif, un homosexuel qu'il est débile ou con, pour le seul fait qu'il est noir, marocain, juif, homosexuel, il est évident que je me montrerai raciste, xénophobe, antisémite, homophobe. Attitudes que je rejette et que je condamne le plus fermement possible.
Mais si ce même noir, Marocain, juif, homosexuel est réellement débile ou con, pourquoi ne pourrais-je pas le dire haut et fort? A croire que l'on ne peut dire à quelqu'un qu'il est con ou débile que s'il est blanc, européen, chrétien et hétérosexuel.
Où est la limite entre le politiquement correct et le politiquement incorrect?

Post scriptum: Comme disait Groucho Marx, "si vous n'aimez pas mon opinion, j'en ai d'autes".

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Le bon, la brute et le truand

Tout le monde le sait, dimanche prochain a lieu le premier tour des élections présidentielles en France. Deux candidats se détachent, légèrement, dans les sondages: la peste et le choléra. Je veux dire par là Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy. En effet, je plains mes amis français: choisir entre ces deux-là, cela s'apparente à un tour de force. Entre le candidat ex-ministre de l'Intérieur au discours hyper sécurisant et à la limite xénophoble, et la candidate au sourire pepsodent sans réelle conviction, les Français vont souffrir dans les cinq années à venir...
A moins qu'un troisième candidat ne vienne mettre tout le monde d'accord. Mais je ne vois pas bien qui cela pourrait être: rayons d'emblée Jean-Marie Le Pen (on se souviendra de son accession au second tour en 2002). Reste Bayrou, mais il est réputé assez mou.
Au armes citoyens français, choisissez bien (enfin, c'est surtout pour vous que je le dis, parce que, en Belgique, franchement, peu nous chaud de savoir qui gouvernera la France pendant les cinq années à venir...).

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15 avril 2007

Dieu, les anges et les autres

Chers amis,
J'ai décidé de changer le nom de mon blog. Les élucubrations d'un philologue deviennent Dieu, les anges et les autres. Rassuez-vous, aucune tendance léonardesque n'en est la cause (ouf, sauvés!), mais uniquement un désir d'être plus visible sur la toile (merci Google...).
Au plaisir de lire vos commentaires, n'hésitez pas à me donner votre avis sur ce nouveau titre et peut-être d'autres propositions???

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10 avril 2007

« Maman, je veux pas être empereur » : Néron personnage de romans : réalité historique ou fantasme d'écrivain ?

L’origine de cette mise au point, est la parution, en février 2001, du dernier roman de Françoise Xenakis, « Maman, je veux pas être empereur », qui a suscité une levée de boucliers chez bon nombre de critiques littéraires férus d’authenticité historique.

L’objet de cet article est donc d’observer Néron à travers plusieurs romans et d’essayer de remonter aux sources antiques de ce personnage, pour répondre à la question : les Nérons présentés dans ces romans représentent-ils une réalité historique ou bien constituent-ils un fantasme d’écrivains ?

Pour brosser le portrait du Néron romanesque, j’ai examiné 6 romans, depuis Quo vadis, le plus ancien, jusqu’au plus récent « Maman, je veux pas être empereur », en passant bien sûr par les 2 romans de Pierre Grimal et aussi par Hubert Monteilhet et Jean Diwo (du moins les 5 premiers chapitres de ses Dîners de Calpurnia).

Tout d’abord, le roman des temps néroniens le plus célèbre est sans aucun doute celui d’Henryk Sienkiewicz, dont la première édition date de 1896. Et pour bien comprendre qui est Néron dans ce roman, je vous propose d’évacuer l’image de Peter Ustinov dans le film inspiré par Sienkiewicz.

Or, dans cet ouvrage, déjà analysé par J.-N. Michaud en 1999, le personnage de Néron est avant tout un artiste : poète, chanteur, acteur de théâtre, conducteur de chars.

Néron est aussi celui qui, indirectement ou par l’entremise de son âme damnée Tigellin, a fait incendier Rome pour pouvoir concrétiser ses rêves architecturaux. Au début du roman, cependant, Néron est moins présent qu’à la fin. En effet, son rôle dans le roman ne cesse de prendre de l’importance. Dans les dernières pages, on peut dire que le personnage principal de Quo vadis, c’est lui.

Comme l’a dit Michaud, le portrait de Néron, la première fois qu’il apparaît dans le roman, correspond au chapitre 51 de Suétone. Tout le reste du personnage de Néron dans Quo vadis est d’ailleurs inspiré presque uniquement de Suétone.

Un autre élément important, toujours souligné par Michaud, est le caractère monstrueux de Néron. Mais, selon Michaud, Néron « a voulu être non seulement un acteur, mais un personnage tragique, un de ces grands criminels qui dépassent l’humanité » (p.294). D’après Michaud, « le tyran est un être qui se met hors de l’humanité, donc il a accompli les grandes transgressions des impératifs qui définissent l’humanité » (p.296). Néron n’agit pas au hasard, il transgresse méthodiquement et délibérément l’ordre naturel (ex : l’assassinat de sa mère). Cela est à mettre en parallèle avec le goût de Néron pour le théâtre et la mise en scène. Il y a d’ailleurs, « dans plusieurs crimes de Néron un côté théâtral, un aspect de mise en scène » (p.296). Michaud souligne que « l’incendie de Rome est un prodigieux spectacle et le martyre des chrétiens est matière à mise en scène » (p.298).

Le roman d’Hubert Monteilhet, même s’il est sous-titré Roman des temps néroniens comme Quo vadis, est hélas d’une tout autre facture. En effet, l’auteur se complaît dans une vulgarité de bas étage et dans la description scabreuse de certaines scènes vaguement érotiques qui ne valent nullement la peine qu’on s’y attarde.

Mais quel Néron présente-t-il ?

D’abord, Néron aime la beauté. Tout jeune déjà, il a un goût immodéré pour le théâtre, la poésie lyrique grecque, les courses de char. Il a un tempérament d’artiste, un sens incontestable du théâtre.

Monteilhet reprend également quelques traits au Néron de Sienkiewicz (comme il le reconnaît lui-même, d’ailleurs). Par exemple, c’est Tigellin qui est l’instigateur de l’incendie de Rome.

Monteilhet fait aussi de Néron un homosexuel, se plaisant à souligner ses préférences pour Sporus par exemple, et à les placer au centre de ses motivations.

Enfin, on doit quand même souligner la qualité des reconstructions historiques, surtout au niveau de la vie quotidienne : le mariage, la vie des gladiateurs, les popinae, ancêtres de nos fast-food, etc. Paradoxalement, certains personnages historiques, en dehors de Néron, sont présentés de façon plus que fantaisiste : ainsi, l’écharde que saint Paul porte en sa chair n’est pour Monteilhet qu’une homosexualité refoulée !

Bien sûr, la succession des événements est historique et Monteilhet connaît bien Suétone et Tacite, par exemple quand il raconte la jeunesse de Néron chez Lepida.

En résumé, on peut dire de Neropolis qu’il est un roman à 2 visages : un côté tout à fait historique (vie politique, vie quotidienne, …) ; d’un autre côté, il présente un Néron caricaturé à l’extrême, que même Suétone aurait renié.

Les 2 romans de Pierre Grimal, les Mémoires d’Agrippine et Le Procès Néron, on s’en doute, présentent les faits historiques tels qu’ils se sont vraiment déroulés, d’après ce que l’on peut déduire de la documentation à notre disposition.

Dans l’avertissement au lecteur (Mémoires, p.9), Grimal cite ses sources antiques : Tacite, Suétone, Dion Cassius et aussi Sénèque.

Comme Suétone, il souligne, par exemple, la cruauté du père biologique de Néron, Cn. Domitius Ahenobarbus (p.113-114) et il y reviendra souvent. Grimal reprend aussi l’épisode du rayon de soleil jailli de la mer et qui est allé éclairer Néron à peine né (Mémoires, p.146). D’autres éléments sont encore clairement inspirés de Suétone : le serpent qui mue dans le berceau de Néron (Mémoires, p.161), l’éducation de Néron chez Lepida (Mémoires, p.178-179), les derniers mots de Néron (Procès, p.282), etc.

D’autres épisodes sont inspirés de Tacite, que Pierre Grimal connaît bien. Par exemple, la succession des événements au moment de la mort de Claude : le plat de champignons, Agrippine retarde l’annonce de la mort de Claude, Néron se présente aux prétoriens, …

Ce sont les mêmes sources, bien sûr, dans Le Procès Néron, à la différence que ce roman raconte aussi ce qui se passe après la mort d’Agrippine.

Ce qu’il faut mettre en évidence dans ces 2 romans, ce n’est pas tant l’historicité des faits, mais plutôt le caractère que Grimal attribue à Néron. Toute une série de traits sont les mêmes que ce que l’on trouve, par exemple, dans Quo vadis. On peut insister sur le fait que Néron veut ressembler aux héros d’autrefois (Procès, p.49, 83, 109, 124-125, …). On retrouve ici aussi ce que Michaud disait à propos du Néron de Quo vadis : le côté théâtral, la mise en scène de la cruauté, la transgression des interdits etc.

En résumé, les 2 romans de Pierre Grimal sont une tentative, habile, il faut le souligner, de réhabiliter Néron, comme Grimal le dit lui-même par l’intermédiaire du narrateur Hermogène dans Le Procès Néron (p.13) : « Il est unanimement considéré comme coupable et condamné en son absence, devant des juges mal informés, sans que nul défenseur ait pu prendre la parole ». Mais il ne s’agit pas d’une réhabilitation à tout prix : Grimal respecte les faits historiques, les replace dans leur contexte et tente de séparer le bon grain de l’ivraie : Néron n’est pas le monstre qu’on a toujours fait de lui (par exemple, il n’est pas responsable de l’incendie de Rome, ni de la mort de Britannicus), mais il n’est pas non plus totalement le jouet d’Agrippine, de Poppée et de Tigellin.

Il me faut dire quelques mots maintenant des Dîners de Calpurnia de Jean Diwo. On pourrait dire que ce roman est de la même veine que ceux de Grimal, même si Néron n’apparaît que dans les 5 premiers chapitres du livre, de l’incendie de Rome à la mort de Néron (114 pages).

Jean Diwo souligne aussi les goûts esthétiques de Néron (par exemple p.19), il insiste sur l’amour que Néron portait au peuple romain — et celui-ci le lui rendait bien (p.24).

L’auteur bat en brèche certains fantasmes, comme la culpabilité de Néron dans la mort de Britannicus (p.27) ou dans l’incendie de Rome (p.6-7) ou encore dans la mort de Poppée (p.68).

Bien sûr, Diwo mentionne aussi l’attirance exercée sur Néron par Othon et Sporus (p.44, 69, …), ainsi que ses velléités de poète, d’acteur, de conducteur de char, et enfin les derniers mots prononcés par Néron.

En bref, le Néron que présente Jean Diwo est très « historique », mais, à l’instar du Néron de Grimal, on se situe au niveau de l’histoire individuelle, et pas uniquement de l’Histoire.

Le Néron de Françoise Xenakis n’a strictement aucun point commun avec celui que l’on connaît à travers Tacite, Suétone et les ouvrages historiques modernes.

Le titre « Maman je veux pas être empereur » annonce déjà de quel type de personnage il s’agit : un enfant toujours sous la coupe d’une mère possessive qui ne peut vivre que par l’entremise de son fils et qui continue à exercer une influence sur lui même après qu’elle soit morte.

La critique n’a d’ailleurs pas été tendre avec ce roman (par exemple Eric Ollivier dans Le Figaro du 1er février 2001). Il faut dire que Fr. Xenakis, à l’instar de Monteilhet, surabonde dans les détails scabreux « avec un œil et un langage d’aubergiste » (E. Ollivier). Cependant, à mon sens, sa liberté d’écrivain l’a poussée à prendre trop de libertés par rapport à l’Histoire, même si tous les événements historiques sont présents : mort de Claude, de Britannicus, …

Il suffirait de lire la 4ème page de couverture et on a une vision plus précise de ce dont il s’agit : « Maman, voilà ce que je veux être plus tard, dans l’ordre : conducteur de chars, danseur, chanteur, berger en Grèce ou faire partie d’une troupe de théâtre. Voilà. En tout cas, pas empereur, s’il te plaît, maman. Néron ». Xenakis propose un Néron névrosé, brimé par sa mère, en manque cruel d’amour et de tendresse. Selon Xenakis, Néron est un gentil garçon qui apprend à mentir pour faire comme les grands et ne pas se faire disputer par sa maman. C’est Agrippine la méchante, la mère envahissante, qui a une revanche à prendre sur la nature qui l’a faite femme et qui l’empêche de régner.

Tous les événements sont donc relus par Xenakis dans cette perspective unique et borgne.

Ce qui est plus grave, c’est que Fr. Xenakis s’appuie sur des ouvrages prétendument scientifiques, comme le Saint Néron de Jean-Charles Pichon (1962, réédité en 1971 sous le titre Néron et le mystère des origines chrétiennes), qui fait de Néron un chrétien ! ! ! Xenakis dit : « Des travaux […] d’André Wauthier […] prouvent, et il en est d’autres, que ce que nous savons de la vie de Néron n’est qu’un tissu de mensonges et de falsifications, mais la force de l’Église romaine est une force compacte, lourde comme une chape de plomb, et cela fait mauvais genre de vouloir sauver Néron de l’oubli et de la médisance » (p.13).

En conclusion, répondre à la question par laquelle je débutais ma mise au point n'est pas aisé. En effet, personne ne pourrait nier que chaque romancier a forgé le Néron qui correspondait le mieux à ses attentes, à ses aspirations, à ses objectifs d'écrivain. Toutefois, on peut distinguer 2 catégories d'auteurs :

· d'abord, ceux qui, si vous me permettez l'expression, « fantasment » vraiment beaucoup (Monteilhet et Xenakis) ;

· ensuite, ceux qui tentent de rétablir une certaine vérité historique (Grimal et Diwo).

Et Quo vadis ? Ce roman est et restera toujours inclassable, une sorte de « momumentum aere perennius »…

Romans étudiés :

Henryk Sienkiewicz, Quo vadis… Roman des temps néroniens, préface de Henry de Montherlant, Paris, Le Livre de Poche, n°3161, 1970.

Hubert Monteilhet, Neropolis. Roman des temps néroniens, Paris, France Loisirs, 1984.

Pierre Grimal, Mémoires d’Agrippine, Paris, Éditions De Fallois, 1992.

Pierre Grimal, Le procès Néron, Paris, Éditions De Fallois, 1995.

Jean Diwo, Les dîners de Calpurnia, Éditions J'ai lu, n°4539, 1996.

Françoise Xenakis, Maman, je veux pas être empereur, Paris, Albin Michel, 2001.

Remarques bibliographiques:

C. Aziza, « Un siècle de fiction romanesque autour de Néron (1895-1996) », in J.M. Croisille, R. Martin, Y. Perrin (ed), Neronia V. Néron : histoire et légende, Actes du Ve Colloque international de la SIEN, Bruxelles, Collection Latomus, 1999, p.361-366.

Eugen Cizek, Néron. L’empereur maudit, Paris, Fayard, 1982.

Jean-Michel Croisille, Néron a tué Agrippine, Paris, Editions Complexe, Coll. La mémoire des siècles, n°59, 1994.

Florence Dupont, L’Acteur-Roi, ou le théâtre dans la Rome antique, Paris, Les Belles Lettres, 1985, surtout p.411-437 (« Les jeux et la politique »).

Pierre Grimal, « Néron », in Vita Latina, 119 (1990), p.22-28.

Lucien Jerphagnon, Histoire de la Rome antique. Les armes et les mots, Paris, Hachette, Coll. Pluriel, 1987.

J.N. Michaud, « Le portrait de Néron dans Quo vadis de Henryk Sienkiewicz : de l'histoire au mythe et du mythe à l'histoire », in J.M. Croisille, R. Martin, Y. Perrin (ed), Neronia V. Néron : histoire et légende, Actes du Ve Colloque international de la SIEN, Bruxelles, Collection Latomus, 1999, p.281-303.

Eric Ollivier, « Néron en pire », in Le Figaro Littéraire, 01/02/2001, p.4.

Jules Wankenne, « Faut-il réhabiliter l’empereur Néron ? », in Les Etudes Classiques, 49 (1981), p.135-152.

Jules Wankenne, « Une affaire à suivre : Néron et la persécution des chrétiens d’après Tacite, Annales, XV, 44 », in J.W., Antiquité classique et enseignement secondaire, Louvain-la-Neuve, 1984, p.185-199.

Jules Wankenne, « Encore et toujours Néron », in L'Antiquité Classique, 53 (1984), p.249-265.

Sources antiques:

Dion Cassius, Histoire Romaine, Livres 61-63.

Sénèque, De Clementia, Lettres à Lucilius, …

Suétone, Vie des douze Césars. Néron.

Tacite, Annales, Livres XII-XVI.



NB: Cet artiicle est paru à l'origine dans la revue Latinter en janvier 2002.

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05 avril 2007

Personne ne résiste à l’appel de Léo…

Revoilà une polémique typiquement pascale, de quoi alimenter les conversations en fin de Veillée Pascale ce samedi.

De quoi s’agit-il? Monseigneur Léonard, évêque de Namur, dans une interview à Télé Moustique, a rappelé qu’il est contre l’euthanasie et l’avortement, que le préservatif n’est pas à 100% sûr pour empêcher la transmission du sida, et que l’homosexualité trahissait une sexualité qui n’est pas arrivée à maturité.

C’est son avis, et, jusqu’à preuve du contraire, en Belgique, tout le monde a le droit d’avancer librement des opinions, même si elles vont à contre-courant de la majorité des Belges, et même si on est évêque. Ceci dit, ces opinions de Mgr Léonard ne sont absolument pas neuves. Loin de là…

Mais ses propos suscitent la polémique, comme d’habitude oserais-je dire. À titre d’exemple, citons l’éditorial de La Libre Belgique de ce matin, par Michel Konen, et aussi le site de Jean-Paul Duchateau de la même Libre. Idem à la radio et à la télévision dès hier. Interviews à n’en plus finir, entre autres de Gabriel Ringlet, dont le discours est aux antipodes de celui du prélat namurois — ce qui n’étonne guère…

Et de quoi traitent ces commentaires, ces réponses à André-Mutien Léonard? Des homos et de la capote! Et c’est tout? Oui, c’est tout! Pas un mot de l’euthanasie et de l’avortement!

Je ne veux pas ici dire que la thématique du bout de latex et que l’accueil des homosexuels par l’Église ne sont d’aucune importance. Mais, que diable! L’euthanasie et l’avortement sont des sujets beaucoup plus importants, beaucoup plus préoccupants! Et ils concernent beaucoup plus de personnes.

Je m’étonne de ce que ces deux thèmes (sont-ce donc des sujets qui fâchent?) n’ont pas été abordés par les critiques à l’encontre du discours de Mgr Léonard. Et de me poser la question: pourquoi donc?

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Rédacteur Agoravox