L’École est morte…
L’École va mal. Notez bien la majuscule, je ne parle donc pas de l’école dans laquelle je travaille, mais de l’École en général. Et bien que toute généralisation soit abusive, elle permet néanmoins de mieux se représenter une réalité souvent difficile à appréhender de l’extérieur.
Ce qui tue l’École? Bien des choses il est vrai…
À commencer par les réformes incessantes qui nous sont imposées par des penseurs qui se disent plus intelligents que les enseignants sur le terrain et plus à même de savoir ce qui est bon pour eux. Et ces réformes continuent encore et encore, inlassablement. Mais quand les penseurs vont-ils nous laisser le temps de nous approprier ces réformes, de les appliquer concrètement dans nos classes, des les évaluer (et surtout leur pertinence)? Bien souvent aussi, une réforme impose exactement le contraire de ce qu’une autre réforme avait elle-même imposée quelque temps auparavant. Si Kafka vivait encore, il s’en inspirerait certainement…
Ce qui tue l’École? Le bénévolat des profs! Comme j’envie ces collègues qui se limitent à faire leur boulot tranquillement, préparer leurs cours, corriger les interros, donner leur cours, participer aux réunions strictement obligatoires, et puis s’occuper d’autre chose. Ceux-là ont compris que le bénévolat tue l’École. Pourquoi donc, me direz-vous? C’est simple: plus il y a de profs bénévoles dans une école, moins les autorités (de l’école, mais surtout ministérielles) injecteront des moyens humains et financiers dans les écoles. Car, si le bénévolat, par le passé, signifiait avant tout cuisiner et servir à souper de l’école ou bien s’occuper d’une fancy fair, actuellement, le bénévolat concerne des activités nécessaires à la (sur)vie de l’établissement scolaire, et ce sont toujours les mêmes pigeons (dont moi) qui s’y collent. Quelques exemples édifiants:
- participer à des réunions après le temps de travail pour organiser la vie concrète de l’école;
- participer à des projets pédagogiques visant à l’éducation citoyenne des élèves;
- participer à des réunions interdisciplinaires, toujours après les heures de travail, pour penser et organiser concrètement une épreuve interdisciplinaire pour les élèves de rhéto;
- etc.
Et tout cela, bien évidemment, sans ce que Jacques Defrenne (formateur, consultant et intervenant en entreprises, professeur à l’ICHEC et à l’IHECS, directeur du Centre de Management Humain à Ichec-Entreprises) appelait le «vécu de rémunération». Attention: ne comprenez pas augmentation de salaire, mais plutôt une rémunération symbolique, qui ne s’arrête pas au simple «merci».
Donc, l’École va mal, tellement mal qu’elle va mourir…
Mais que faire? Car il ne suffit pas de constater (certains diront se lamenter…), il faut surtout avancer pour sauver notre enseignement. Pas notre travail, non. Notre enseignement, car il s’agit de l’avenir de nos élèves, qui constituent l’avenir de notre pays et de notre monde.
Pessimiste, moi? Non, réaliste.
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